Écoutez

Bottled Ocean 2116

Te Ao Maori

Bottled Ocean 2116- Te Ao Maori donne la parole à un artiste Maori (de Nouvelle-Zélande) qui propose une vision prospective et écologiste (au sens propre de discours sur la nature) plus globale du changement climatique à travers l’impact du rejet des plastiques dans l’océan (Bottled Ocean 2116). Cette interprétation s’inscrit dans une conception polynésienne et plus spécifiquement maorie de l’environnement (Te Ao Maori- le monde naturel) très différente de la nôtre au sein de laquelle la Culture est partie intégrante de la Nature.

L'exposition

L’exposition prévoit d’associer deux composantes : un océan avec toutes les composantes vivantes et des objets. Les méduses, poissons, requins, îles, pirogues traditionnelles polynésiennes créés par l’artiste à partir de bouteilles en plastique investissent les lieux. Au coeur du dispositif figure une maison sous marine (‘Tonganui’), sculptée dans du plexiglas©. Elle accueille le masque du dieu de la mer Tangaroa évoquant ainsi l’origine de la philosophie océanique. « Le Wakapounamu porte une autre cargaison précieuse à bord ; il contient l’espoir, la promesse de changement et d’un avenir meilleur pour tous ... » (G. Nuku)

En contrepoint, les objets maoris et les spécimens de Nouvelle-Zélande sortis des collections du Muséum sont mis en scène par l’artiste dans une grande vitrine exprimant ainsi la conception maorie (et polynésienne) de l’environnement. Spécimens et objets sont ainsi réunis non pas selon une classification naturaliste mais en fonction du « Te Ao Maori » (le monde naturel) maori. De part et d’autre d’une projection centrale sont évoqués quelques éléments fondamentaux de la conception du monde chez les Maoris. Tane, dieu créateur et séparateur de la terre et du ciel sera entouré des kakapo et autres oiseaux de la forêt. De l’autre côté, la vitrine intitulée « Hei Toi whakairo, he mana tangata » (où existe l’expression artistique, existe la dignité humaine) montre les imbrications de la Culture et de la Nature

0:00
0:00

Biographie de George Nuku

L'artiste de l'exposition, Georges Nuku, est né en 1964 en Nouvelle-Zélande dans le village d’Omahu et a grandi à Heretaunga, dans la baie de Hawkes sur l’île de Nord. D’ascendance germanique et écossaise du côté de son père, sa branche maternelle le rattache aux tribus maories du Ngati Kahungunu et Ngati Tuwharetoa. Après des études d’art, de sociologie, de géographie et de culture maori à l’Université de Massey, il entame une carrière dans les arts plastiques d’abord en Nouvelle-Zélande dès 1986 puis en Europe, aux Etats-Unis et en Asie.

Plusieurs grands musées et galeries d’art ont accueilli ses créations : le British Museum à Londres et le Musée du Quai Branly en 2008, Riviera gallery, New York (2004), Museum of Archaeology & Anthropology, University of Cambridge (2006-2008), Sainsbury, le Centre for Visual Arts, Norwich (2006), Museum Volkenkunde, Leiden (2010-2011), National, Museum of Scotland, EdinburghLinden (2011) Museum, An de Stroom, Antwerp (2011) Museum, Stuttgart (2012), Kaohsiung Museum of Fine Arts, Taiwan la même année, Musée d’Anthropologie de Vancouver, National Museum of Australia Canberra (2014). Il est par ailleurs intervenu à la Biennale de Venise pour le pavillon de la Nouvelle-Zélande en 2009.

Sa dernière création, Bottled Ocean a été conçu pour le Musée d’art contemporain de Taipei à Taiwan en 2014. A l’occasion de la COP21, le Muséum d’Histoire naturelle de Rouen a accueilli cette exposition. Renouvelée à chaque fois, la version 2116 est pour partie présentée au Pataka Art + Museum en Nouvelle-Zélande avant de rejoindre le Centre Tjibaou en Nouvelle-Calédonie.

Au même moment, à La Rochelle, l’exposition Bottled Ocean 2116 propose une approche différente de la recherche de l’artiste. Au discours sur le changement climatique, le Muséum invite George Nuku à témoigner de la conception maori de l’environnement mêlant ainsi objets et spécimens naturalisés.

Le changement climatique vu par George Nuku

Du constat du changement climatique, l’artiste imagine un scénario à l’échéance de 2116 dans lequel l’océan serait peuplé de créatures en plastique.

« Les calottes glaciaires fondent aux pôles. Le monde traverse un processus de mutation chimique à cause de la surexploitation de combustibles fossiles, ce qui ne va pas sans amener un réchauffement et plus généralement une perturbation climatique. Sans mentionner l’hégémonie croissante des matières plastiques qui sont désormais omniprésentes dans chaque forme de vie sur terre. En effet, la structure moléculaire de chaque grain de sable sur chaque plage contient un composant de plastique, ainsi que celle du sang humain et de chaque forme de vie par ailleurs.

La dépendance croissante vis-à-vis de l’emballage plastique a créé de nouveaux paysages dans la nature : montagnes sur la terre ferme, nouveaux atolls et îles improvisées sur les océans faites de bouteilles plastiques.

De plus, l’usage sur-fréquent de matières plastiques coïncide avec l’appauvrissement de réserves d’eau potable. Les conglomérats importants tendent de plus en plus à accumuler les réserves et à monopoliser l’eau potable, si bien que tout cela finirait probablement par générer des guerres d’eau.

Pour contenir, emballer et fournir de l’eau potable aux habitants du monde, les bouteilles plastiques s’avèrent être un besoin vital et nécessaire à la consommation mondiale au XXIème siècle. La bouteille plastique se métamorphose selon plusieurs normes culturelles, devenant ainsi un totem de la vie moderne, effigies de nos nouvelles cités, cathédrales, nouveaux temples et ancêtres.

Le rythme d’accélération du processus rapide qui débouche sur un effondrement environnemental est assez catastrophique: A présent les calottes glaciaires fondent peu à peu, recouvrant petit à petit la surface de la planète Terre d’eau salée. Ceux qui y survivront devront s’y adapter. »