Racines

L’exposition « Racines, mettre au jour l'invisible » est née de la rencontre entre Thérèse Rautureau et les équipes du Muséum de La Rochelle. Le cabinet des dessins s’est imposé comme le lieu idéal pour présenter ses dessins et évoquer cet aspect de la botanique si peu connu et pourtant essentiel.
Son pinceau met ici en lumière un univers souterrain qui habituellement nous échappe, une rhizosphère encore en grande partie méconnue, presque toujours invisible, dont on sait cependant l’importance pour la vie de chaque plante.
En découvrant ces systèmes racinaires puissants, profonds ou étalés, parfois riches en sucres,transformés en organes de réserve, on comprend qu’il s’agit là de survie. Résister à la sécheresse et à la chaleur estivales, s’accommoder des vents et des embruns, des substrats salés ou de la roche à nue, sont autant de stratégies que les végétaux mettent en oeuvre pour s'accommoder de leur biotope, voire en tirer parti. Spartine, asperges, orobanche, sedum, fenouil, ficaire, iris, chicorée, déploient tous des formes d’adaptation qui leur permettent de vivre à leur aise dans des situations qui ne sont pas toujours paradisiaques.
Ces dessins, si précis, se déployant de l’extrémité des feuilles jusqu’au bout des racines, nous incitent à déplacer notre regard dans le sol, à aller scruter l’ingéniosité végétale dans l’obscurité, enrichissant non seulement nos connaissances botaniques mais aussi notre imaginaire.
Ainsi nos rêves de plantes potagères, notre appétit de légumes aussi beaux que bons, aux formes généreuses et aux couleurs flatteuses, promesses de saveurs douces ou amères, épicées, sucrées, âpres ou amamis, s’en trouveront changés.
Véronique Mure, botaniste et Mickaël Airaud, enseignant de biologie à l’Université de La Rochelle, sont co-commissaires scientifiques de cette exposition à la fois artistique, scientifique et poétique. Avec Thérèse Rautureau ils forment le trio qui lui a donné vie.
Les dessins, pour des raisons de conservation, ont été reproduits. Un original est offert à la vue des visiteurs, pour pouvoir apprécier le travail graphique de l’artiste. Celui-ci est changé tous les trois mois afin de l’exposer le moins possible aux éléments dégradants que sont l’air, l’humidité et la lumière.

Diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure d’Arts Appliqués Duperré, Thérèse Rautureau enseigne les arts appliqués au lycée d’Orléans.
Lorsqu’elle arpente les chemins du littoral près de sa maison de l’Île d’Aix, elle s’émerveille de ses rencontres botaniques. Elle observe, collecte, identifie et se pose mille questions sur les plantes rencontrées et s’émerveille de leurs facultés d’adaptation à cet environnement difficile.
Comment conserver toutes ses trouvailles, leurs formes, leurs couleurs avant qu’elles ne se fanent et ne dépérissent ?
Comment partager toutes ces merveilles si résistantes à tous les aléas et pourtant ignorées du public ?
L’envie de reprendre ses pinceaux la pousse à tenter l’impossible : représenter ces plantes qui la séduisent et essayer de faire partager son admiration au plus grand nombre.
Quelles que soient les techniques, gouache, aquarelle, crayons de couleurs, pastel, craies ou encres… tous les moyens sont bons pour arriver à une approche de la réalité.

L’art est une question d’interprétation, de médiation entre le sujet, l’auteur et l’observateur.

Ainsi Thérèse met l’accent sur les détails qui la marquent, qui lui semblent importants et qu’elle veut faire ressortir et ressentir.
Mais en regardant de plus près en dessinant, en peignant, ses observations deviennent une source de questionnements sans fin.
Ses réponses, elle les obtient auprès de la botaniste, Véronique Mure toujours disponible et incollable… Cette rencontre avec elle, a eu lieu grâce au célèbre paysagiste Gilles Clément en résidence sur l’Île d’Aix il y a quelques années. C’est également grâce à eux deux qu’elle a poursuivi cette entreprise ambitieuse de dessiner pour attirer les regards sur ce monde, parfois invisible, qui s’étale sous nos yeux, sous nos pieds, sans être ni vu ni deviné.